La burqa
Puisque la France s'obstine dans ses histoires de burqas, peut-être est-ce le moment de comparer les histoires de voiles anglaises et françaises. Ici, il semblerait que commentateurs comme politiques, tous mettent l'accent sur la tolérance et la liberté individuelle.
Le sentiment général, c'est celui drôlement bien décrit par le comédien David Mitchell dans le Guardian (lire l'article ici)
Nothing good has come out of the tiresome burqa-banning debate, other than a timely reminder that the French aren't really to be trusted. Most of the time they're OK - quite like us, relatively affluent, but not so as to make us feel bitter, the kind of people you'd happily share a school run with. But, every so often, they'll do something a bit mental – have a revolution, nearly elect Le Pen, capitulate in the face of an evil empire whose armies they outnumber, ban the burqa from public places. It's always a bit of a shock. Governments shouldn't tell people what they can and can't wear. By doing so, they would, in every sense, be taking a massive liberty.
Rien de bon n'est sorti du débat pénible sur l'interdiction des burqas, si ce n'est un rappel opportun que l'on ne peut pas vraiment faire confiance aux Français. La plupart du temps, ils sont OK – un peu comme nous, relativement riches, mais pas assez pour nous rendre jaloux, le type de gens que tu laisses aller chercher tes gamins à l'école. Mais, de temps en temps, ils font quelque chose d'un peu taré – ils font la révolution, élisent presque Le Pen, capitulent devant un empire du mal malgré le fait que leur armée est bien plus grande, ou interdisent la burqa. C'est toujours un peu un choc. Les gouvernements ne devraient pas dire aux gens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas porter. En faisant cela, ils prendraient, dans tous les sens du terme, une trop grande liberté.
Sinon, le Telegraph, journal de droite, écrit aussi (voir l'article ici):
The French vote to ban Muslim women from covering their faces in public is just as oppressive as the Islamic law forcing them to do it in the first place. Le vote Français qui interdit aux femmes musulmanes de couvrir leur visage en public est tout aussi oppressif que la loi islamique les forçant à le faire dans un premier temps.
Le Guardian, de gauche, continue (voir l'article ici):
A focus on women's rights is being used to justify intervention in
religious and public life that would otherwise be unacceptable. Cette focalisation sur les droits de la femme est utilisée pour justifier une intervention dans la vie religieuse et publique qui serait autrement inacceptable.
Et le Times, de droite, renchérit, citant une jeune musulmane (voir l'article ici):
"So we should criminalise women in order to empower them? Send
them to jail to free them?" Alors on devrait criminaliser les femmes pour les rendre indépendantes? Les emprisonner pour les libérer?
C'est le même avis du très sérieux New Statesman, jusqu'au tabloïd The Sun (par contre, vous n'avez qu'à lire les commentaires sous les articles cités pour vous rendre compte que tous ne le partagent pas) Seuls les partis d'extrême-droite (et un MP de droite) soutiennent l'interdiction de la burqa. En gros, l'attitude britannique, c'est plutôt "live and let live", vivre et laisser vivre.
Ici, les règles changent d'école en école, d'entreprise en entreprise, et tout se fait au cas par cas – beaucoup décrient d'ailleurs cette inconsistance. Dans les écoles publiques, les Sikhs peuvent porter leurs turbans, et les musulmanes un voile sur les cheveux (Par contre, les voiles sur le visage sont interdits dans les écoles). Par exemple, les écolières de la Elizabeth Garrett Anderson School à Londres portent toutes l'uniforme gris et rose de leur établissement sur cette photo:
Et ce n'est pas que les enfants: la plupart des adultes aussi ont le droit de porter leur turban ou leur voile dans l'exercice de leur fonction, comme ce policier Sikh: