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Londres calling
3 juillet 2011

JK Rowling

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Il y a quelques jours JK Rowling, l'auteur de la série Harry Potter, a annoncé le lancement de son nouveau projet, Pottermore, un site internet. Elle l'a présenté comme un cadeau à ses nombreux fans ("aucun auteur ne pourrait rêver d'un public plus merveilleux, divers et loyal"). Cette "expérience interactive en ligne consacrée à la lecture" contiendra de nouvelle infos sur le monde d'Harry Potter, et sans doute des jeux et surtout des e-books, mais ne sera accessible qu'à partir d' Octobre prochain. (tout est expliqué dans la jolie vidéo de présentation sur le site). C'est pas grave, le dernier film Harry Potter sort dans quelques jours. En attendant voici sept choses à savoir sur cette grande conteuse britannique dont la cave Gringotts est si remplie qu'elle peut s'offrir de nombreuses virées shopping sur Diagon Alley/Chemin de Traverse sans se soucier d'entamer son tas de Galleons:

1 JK s’appelle Jo en vrai

Le vrai nom de JK, c’est Joanne, et en fait tous ses proches l’appelle Jo. Ce sont ses éditeurs qui lui ont demandé de se trouver un prénom fait d’initiales, une appellation neutre, qui laisserait croire qu’elle est un il. Apparemment, ils avaient peur que les petits garçons ne veulent pas lire une histoire écrite par une femme, et ne se disent que c’est un truc de fille. Du coup elle se retrouve avec un nom de plume qui ressemble un peu à J R R Tolkien ou C S Lewis, deux autres géants de la litérature enfantine. Ça en dit long sur les maisons d’éditions, leurs coups de marketing, et les préjugés sur les écrivains femmes toujours bien vivants. (Et vous, vous préfériez lire un livre de Joanne Rowling, ou de JK Rowling?).

Voici la première édition de son premier livre en 1997, et une jeune Jo tout sourire:

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Jo a choisi de rajouter l’initiale K, pour Kathleen, le nom de sa grand-mère adorée. Sinon elle a beau s’appeler Rowling elle a aussi du Volant dans le sang, son grand-père français ayant reçu la Légion d’Honneur bien avant elle, pour sa bravoure durant la bataille de Verdun (cette French connection explique sans doute pourquoi elle a choisi d’étudier le français et la littérature classique à Exeter, et comment elle est devenue secrétaire bilingue à Amnesty International puis prof de français).

2 JK vit un vrai conte de fée

Sujet en or pour les journalistes, la vie de JK Rowling est un vrai conte de fée: après son divorce (d’avec un présentateur télé portugais), et des années de galère à élever sa fille seule à Édinbourg sans argent et en se battant contre la dépression ("I totally felt a waste of space", je me sentais complètement inutile, un gaspillage d'espace, dit-elle de cette période), JK se retrouve milliardaire et femme comblée (elle s’est remariée avec un médecin anesthésiste, avec qui elle a deux autres enfants). Il lui a fallu juste cinq ans pour transformer sa vie, et passer d’un HLM à un château en Écosse. JK habite avec sa petite famille à Edinbourg (et a un pied-à-terre à Londres) dans une maison avec un grand jardin ou elle ferait construire une réplique de la cabane d’Hagrid.

Elle peut aussi s’éloigner des paparazzi à Killiechassie House, une grande demeure historique du 19ème:

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Mais au lieu d’être une princesse, JK est plutôt une bonne marraine, une gentille fée. Celle qui raconte de jolies histoires évidemment, mais aussi celle qui espère que sa baguette magique aidera à créer un monde meilleur: c’est une philantrope qui donne une grande partie de sa fortune à des causes caritatives qui lui sont chères, y compris Gingerbread (avec qui elle se bat pour soutenir les familles monoparentales), Lumos (une association aidant les enfants défavorisés) et Multiple Sclerosis Society (sa mère, atteinte de sclérose en plaques, est morte alors qu’elle était encore très jeune).

3 JK aime les enfants, et c'est réciproque

Contrairement à beaucoup d’auteurs pour enfants comme Beatrix Potter, qui préférait les moutons aux marmots, et Arthur Ransome, qui chassait les gosses trop bruyants de devant ses fenêtres, JK aime vraiment les enfants. Elle en a trois elle-même, mais cela c’est sans compter les millions de petiots qui l’écoutent bouches bées lire des passages de ses livres, les journalistes juniors qui l’interrogent lors de conférence de presse spécialement organisées pour les enfants, ou les enfants défavorisés et malades qu’elle aide de nombreuses manières, parfois en répondant elle-même à leurs lettres, en envoyant des livres ou en leur rendant visite à l’hôpital.

Et bien sûr, les enfants le lui rendent bien. D’ailleurs, c’est grâce à une petite fille de huit ans que Rowling a enfin trouvé une maison d’édition pour son manuscrit, après plus de 12 refus. La petite en question, c’était la fille de Barry Cunningham, éditeur à Bloomsbury. Une petite qui a tant aimé le livre qu’elle a convaincu son papa de laisser sa chance à Harry. Lorsqu’on lui demande pourquoi les enfants aiment tant ses livres, JK répond qu’elle ne sait pas, parce qu’en fait elle écrit pour elle-même avant tout: "That's such a, such a very hard question to answer, because... without being disingenuous. I wrote what I wanted to write. And I wrote the sort of thing that I knew I'd like to read, I'd like to read now as an adult, and I knew that I would have liked to have read it when I was 11."  Ce qui explique peut-être pouquoi de nombreux de ses fans sont des adultes, et pourquoi les éditeurs ont cru bon de faire des couvertures pour enfants, et d'autre pour adultes:

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4  JK est une grande lectrice...

JK raconte souvent que l’idée de l’histoire d’Harry Potter lui est venue lors d’un voyage en train de Manchester à Londres en 1990 (ça sonne vrai, le train avait 4 heures de retard). Elle lui est venue d’un coup comme ça, d’accord, mais c’est surtout le résultat d’une enfance passée à dévorer des livres – comme la petite Hermione, qu’elle dit inspirée de son coté première de la classe et bibliophile. JK s’est donc remplie la tête des histoires merveilleuses d’autres auteurs.

Ce qui explique pourquoi ses livres sont plein d’emprunts. Pour les lecteurs anglophones, les livres d’Harry Potter ne sont pas originaux, mais plutôt basés sur les meilleures histoires pour enfants de ces dernières années – ce qui n’enlève rien à leur charme d’ailleurs. Ainsi vous retrouverez dans le monde d’Harry un peu de Tom Brown’s Schooldays (le côté histoire de pensionnat), Mathilda (les méchant Dursley martirisent Harry comme les Wormwood embêtaient Mathilda); Le Seigneur des Anneaux (les Dementors ressemblent beaucoup au Nazguls, et Voldemort à Sauron), Ma soeur est une sorcière (où les objets enchantés crient quand on les vole); et The Worst Witch (où le prof de potions est aussi très méchant). Cf cette liste plus complète.

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Quand on lui demande quells sont ses livres préférés, JK répond qu’elle adore Jane Austen et Jessica Mitford, qu’elle a lu et relu The Little White Horse d’Elizabeth Goudge et les livres d’E Nesbit quand elle était petite. En gros, c’était un rat de librairie avec des grosse lunettes qui vivait pour lire: "Basically, I lived for books, and was sustained by literary characters with whom I could identify – I was your basic, common-or-garden bookworm, complete with freckles and National Health spectacles."

5 … plus qu’elle n’est une grande écrivain?

Rowling écrit des histoires depuis qu’elle est toute petite. Et de nombreux critiques trouvent que son style n’a pas beacoup évolué depuis. Selon l’écrivaine AS Byatt, Harry Potter a été écrit pour des gens dont l’imagination est confinée aux dessins animés ("written for people whose imaginative lives are confined to TV cartoons"). Selon Ursula Le Guin, c’est bien pour les enfant, mais c’est aussi stylistiquement moyen, d’une imagination dérivative et plutôt méchant du point de vue éthique ("good fare for its age group, but stylistically ordinary, imaginatively derivative, and ethically rather mean-spirited"). J’adore les livres de Le Guin et de Byatt, et ne comprend pas pourquoi elles sont si critiques envers Rowling. Après tout de nombreux auteurs (Dumas, Dickens, Hugo et Conan Doyle entre autre) maintenant classiques ont été decriés pour leurs sagas populistes en leur temps, et pourquoi choisir entre livres ‘intellos’ et ‘populos’ quand on peut lire les deux!

Personellement, je trouve que son style n’est pas des plus fins, mais par contre elle se rattrape en termes de narration, d’humour et d’imagination. J’aime particulièrement les noms des personnages (Dumbledore j’adore), des lieux (The Leaky Cauldron pour un nom de pub, c’est tout simplement génial), et le nom des sorts (Expelliarmus! et le très glauque Avadra Kedavra), et j’ai attendu avec impatience la suite des aventures d’Harry il y a quelques années. De plus comment peut-on ne pas aimer un livre qui invente un nouveau sport, le quidditch, qui maintenant a même une association et une coupe du monde?

6 JK est une conteuse méticuleuse

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JK s’est totalement prise au jeu de son univers Harry Potter, et a créé un monde imaginaire très détaillé et très structuré – comme de nombreux auteurs de fantasy avant elle. Chaque personnage a une histoire, chaque tradition une origine très claire, en tout cas dans sa tête. Par exemple elle a explique dans une interview qu’elle a déjà imaginé toute l’histoire des Death Eaters/Mangemorts, même si elle ne sert pas vraiment dans ses livres: ‘In here is the history of the Death Eaters, which were once called something different: the Knights of Walpurgis. I don't know if I'll need it. But I like knowing it. I like to keep that sort of stuff on hand.’

Écoutez la répondre à une petite Américaine, Celeste, qui demande: En quidditch, si un joueur de Ravenclaw/Serfdaigle attrape le snitch/souaffle, mais Hufflepuff/Poufsouffle avait plus de points grâce à leur buts précédents, qui gagnerait la partie? Rowling répond: "To people who haven't read the books, Celeste has proven herself a true fan, by asking a really technical question about quidditch, which is the wizard sport. This will be completely impenetrable to a lot of people. It's possible for the team to win, even if they don't catch the snitch, but they have to be more than 150 points up on goals. OK? So that can happen. This makes me sound completely insane that I know all this stuff, but of course I would, it's my world." Pour les gens qui n’ont pas lu les livres, Celeste se révèle être une vraie fan en posant une question technique sur le quidditch, le sport des magiciens. Ceci sera complètement incompréhensible pour beaucoup de gens. C’est possible que l’équipe gagne, même si elle n’attrape pas le souaffle, mais ils doivent avoir plus de 150 points en buts. Ok? Donc cela peut arriver. Le fait que je sache cela me fait passer pour une folle, mais bien sur que je sais, c’est mon monde.’

C’est cet univers si crédible (elle l'a même dessiné), si proche de nous (contrairement à celui de Tolkien par example), qui fait la force de la série à mon avis. Un univers que beaucoup disent très vieux jeu, avec sa boarding school et ses grandes familles d’aristocrates, mais en fait pas très éloigné du UK d’aujourd’hui quand on y réfléchi un peu. Un monde vrai, ou il y a des terroristes, et qui devient de plus en plus sombre chaque année – le décor parfait pour un bildungsroman magique.

7 JK est une magicienne

“I don't believe in the kind of magic in my books. But I do believe something very magical can happen when you read a good book.” (Je ne crois pas dans la sorte de magie qui apparaît dans mes livres. Mais je crois que quelque chose de très magique peut arriver quand on lit un bon livre), dit Rowling. L’effet magique qui survient à la lecture de ses livres est accompagné de l’enchantement général qui a redonné le goût à la lecture à des millions d’enfants, et de l’effet incroyable du bouche à oreille qui a fait que ses premiers livres sont devenu cultes sans marketing ni publicité.

Sa magie s’étend en dehors du monde des livres. JK est une source d’inspiration pour tous, sorciers ou non, comme le montre son très bon discours à Harvard en 2008, ou elle explique les avantages de l'échec et l'importance de l'imagination:

Vous pouvez le voir en entier ou le lire sur le site du Harvard Journal. Dans ce discours, elle cite Plutarque: What we achieve inwardly will change outer reality (ce que l'on accompli à l'intérieur de soi changera la réalité extérieure. Une parole sage digne de Dumbledore pour conclure ce billet.

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