Nineteen Eighty-Four, de George Orwell
Vie privée? Quelle vie privée? Apparemment nous sommes tous fichés. Alors pourquoi ne pas relire ce classique de la littérature anglaise qu’est le fameux Nineteen Eighty-Four de George Orwell (vrai nom: Eric Blair). La logique de surveillance du peuple par l’état y est poussée jusqu’au bout, puisque les habitants d’Oceania, un pays en guerre perpétuelle contre l’un ou l’autre de ses voisins, sont surveillés dès qu’ils se mettent devant leur telescreens (équipés d’une caméra et d’un micro, ancêtres des webcams sans doute) pour écouter leur Big Brother. Leur correspondance écrite est ouverte et lue par le gouvernement (bonjour publicités Gmail); leurs enfants et leurs voisins les espionnent.
Écrit en 1948 (d’où son titre), ce roman reflète les préoccupations du socialiste George Orwell (l’auteur du terme ‘guerre froide’), effrayé par le totalitarisme soviétique de Staline. Son héros, Winston Smith, travaille pour le Ministère de la Vérité (donc des mensonges et de la propagande) où il est chargé de réécrire des articles de journaux pour que l’histoire soit toujours du bon côté du parti de Big Brother. Imaginez comme son job serait facile s’il devait simplement altérer le code HTML d’une page internet (hello Wikipedia)!
Winston rencontre Julia, et s’en suit une histoire de rébellion et d’amour, qui bien sûr fini mal. L’écriture est limpide, sans fioriture (certains reprochent à Orwell d’être plus un essayiste qu’un romancier); la société dystopique totalitaire imaginée dans ses moindres détails, du Ministère de l’Amour (torture) au café de contrebande. Résultat: Nineteen Eighty-Four fait vraiment, vraiment froid dans le dos. Surtout qu’avec ce qu’on sait maintenant de la police est-allemande d’autrefois et chinoise ou russe d’aujourd’hui...
Malgré le thème déprimant, c’est l’un des livres anglais les plus traduits au monde. Et comme ses coéquipiers Brave New World ou Fahrenheit 451 (tous deux légèrement plus positifs), le roman a été interdit de nombreuses fois depuis sa publication en 1949. Son style est peut-être simple, mais son vocabulaire très marquant. De nombreux mots issus du roman sont passés dans le langage courant: Big Brother et Room 101 (maintenant des émissions de télé); doublethink (la capacité à avoir deux croyances contraires en même temps); thoughtcrime (crime de pensée), ou newspeak (novlangue). Sans parler de l’adjectif Orwellian, qui s’applique à tout mensonge officiel et surveillance secrète.
Un roman vieux de plus de 50 ans, et malheureusement toujours d'actualité... Vous pouvez le lire en ligne ici.