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Londres calling
7 juillet 2015

7/7, 10 ans plus tard

Quelques jours après avoir marqué une minute de silence pour les victimes de l'attentat en Tunisie, les Britanniques se souviennent d'un autre incident qui a touché le coeur de leur capitale le 7 juillet 2005. Voici un article que j'avais écris pour La Tribune de Genève à l'époque, montrant la réaction des Londoniens après que des terroristes se soient fait explosé dans leur métro et sur leur bus.


FATALISTES, LES LONDONIENS SONT RENTRES A PIED

Cela devait arriver. Hier, dans les rues de Londres, c’est le caractère inévitable de la situation qui primait dans les esprits. Les Londoniens ne sont pas fatalistes, mais réalistes. Après des années à craindre les bombes de l’IRA, ils se sont fait à l’idée : Londres est une cible de choix pour les terroristes de tout pays, et contrôler les milliers de bus et de métros qui circulent chaque jours à travers la ville est une tâche impossible.

Vers midi pourtant, dans les rues commerçantes à quelques minutes de marche à peine de la gare de King’s Cross, où une bombe a tué au moins 21 passagers, tout était comme d’habitude. Tous les magasins étaient ouverts, les restaurants et pubs bondés, et les agences immobilières recevaient même des clients. Seul signe des attentats: l’entrée de la station de métro était fermée, et pas un seul des fameux bus rouges à deux étages, symboles de la ville, ne circulait.

Mais plus près des scènes des attentats, une atmosphère surréelle régnait dans les rues. Le silence d’abord était surprenant. A part quelques véhicules de secours, pas une voiture en vue, et presque aucun trafic sur les plus grands arcs de circulation qui ceinturent la ville. Et partout, des milliers de gens sur les trottoirs en train de marcher calmement, encadrés par d’innombrables policiers en vestes jaunes fluorescentes, chargés d’aider les gens à trouver leur chemin entre les rues barrées.

Mis à part les témoins des attentats, encore sous le choc, les citadins ne paraissaient pas si surpris, et surtout très peu paniqués par la situation. En quatre heures de marche au centre de la ville, pas une scène d’affolement. Le plus grand problème pour des milliers de citadins était de savoir comment rentrer chez eux. Faisant preuve de solidarité, les taxis prenaient plusieurs passagers en même temps, mais beaucoup restaient coincés au centre-ville. « J’ai été à King’s Cross, j’ai essayé la gare Victoria, mais tout est fermé, aucun train ne circule» explique cette passante qui habite en banlieue. « Je ne sais plus comment rentrer à la maison.» 

Aux alentours de King’s Cross, une des plus grandes gares et station de métros du nord de Londres, de nombreux touristes et voyageurs se retrouvaient perdus, tirant leurs bagages sous la pluie. « Je suis vraiment sous le choc. C’est la première fois que je viens en Angleterre, et je viens d’arriver de l’aéroport. Je ne sais pas comment retrouver mes amis maintenant,» dis Ladislav Tvaruzek, étudiant à Prague. « Mais tout le monde m’aide, et les policiers distribuent des cartes de la ville.» Comme lui, de nombreux touristes se sont retrouvé coincés près de la station de métro Russell Square, qui se situe juste à côté du British Museum. Le musée et toutes les autres attractions touristiques fermées, les touristes n’avaient pas d’autre choix que de marcher vers leur hôtel.

Tous les usagers quotidiens du tube, le métro londonien, pensent de temps à autre au scénario catastophe, surtout lorsqu’une rame est en panne ou une station évacuée - ce qui arrive régulièrement d’ailleurs. Mais ces jours-ci, les citadins étaient plus occupés à fêter leur futurs Jeux Olympiques et assister à Live 8, le concert de charité géant organisé pour le G8. James, un consultant financier croisé en fin d’après-midi, s’étonne d’ailleurs qu’aucun incident n’ait eu lieu samedi dernier, alors que des centaines de millier de personnes étaient rassemblées à Hyde Park. « Pourquoi ont-ils attendus jusqu’à aujourd’hui ? Pourquoi pas hier soir, alors qu’il y avait foule à Trafalgar Square pour fêter la victoire de Londres pour les JO ?» se demande-t-il.

Ljiliana Mitevska, une jeune Macédonienne faisant un stage à la City, raconte : « J’était en retard, j’arrivais juste au métro lorsque j’ai appris qu’il y avait eu des explosions. J’ai décidé de rentrer chez moi et en arrivant à la maison, je me suis rendue compte que l’un des métros avait explosé juste avant Moorgate, la station où je descend d’habitude.» Comme la majorité des sept millions d’habitants, elle à l’impression d’y avoir échappé belle.

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