Elizabeth Windsor
Elizabeth Windsor est une grand-mère Anglaise d'origine allemande. (Son ancêtre Albert, mari de Victoria, était un Saxe-Coburg & Gotha, mais son grand-père Edward a changé son nom de famille en Windsor pendant la première guerre mondiale, car il était plutôt mal vu d'être allemand à l'époque). Elle aime les chiens et les chevaux. Elle ne s'est jamais sentie aussi libre et heureuse qu'en 1972, sur son bateau le Britannia (photo ci-dessus). Elle n'a pas de passeport, ni de permis de conduire.
Plus connue sous le nom de Queen Elizabeth II, cette dame de 86 ans est partout, sur les billets de banques et les timbres, mais n'a jamais donné d'interview à qui que ce soit, et ne parle en public que pour faire des discours officiels barbants. La voici en quelques mots:
1. Elizabeth n'aurait jamais du devenir reine...
Lorsqu'elle est né le 21 avril 1926, à Mayfair, Elizabeth Alexandra Mary fait le bonheur de ses parents Albert et Elizabeth:
Lilibet est la première petite-fille du roi George V (qu'elle appelait Grandpa England). Mais comme elle est seulement troisième en ligne pour le trône, derrière son oncle et son père, personne ne s'attend à ce qu'elle ne devienne autre chose qu'une jolie princesse. Elle grandit dans le luxe à Londres, et passe son enfance à aller faire du tricycle à Hyde park, ou à jouer dans sa maison de poupée géante à Windsor avec sa nanny et sa soeur Margaret. Elle n'a jamais été à l'école; elle a appris l'histoire constitutionnelle, le droit et le français à la maison...
Mais lorsqu'elle a dix ans à peine, son grand-père meurt, et son oncle devient Edward VIII. Seulement ce dernier, amoureux d'une divorcée américaine, Wallis Simpson, abdique soudainement, et son père se retrouve projeté sur le devant de la scène (cf le film The King's Speech). Elizabeth emménage donc à Buckingham Palace, puis à Windsor pendant la guerre (période pendant laquelle elle s'adresse à plusieurs reprises à la radio aux enfants du pays, pour leur donner du courage). Elle monte sur le trône en 1953, à la mort de son père. La princesse devient reine:
2. Elizabeth préfère le bleu
Selon Vogue, 29% des vêtements de la reine seraient couleur bleu royal. Et quand ils ne sont pas azure, ses habits se doivent d'être flamboyants et facilement repérables même lorsque la reine est entourée par la foule. Son boulot avant tout, c'est de serrer des mains et de paraître – Elizabeth le dit elle-même, she has to be seen to be believed (elle doit être vue pour être crue).
Du coup ses tenues – chaussures avec talon de 2 inches (qu'elle fait porter par quelqu'un d'autre pour les assouplir); jupe sous le genou et sac à main obligatoires – sont hautes en couleur. Selon son 'habilleur' depuis 11 ans, Stewart Parvin, 'block colours elongate her, she's only very tiny' (les couleurs en bloc la rendent plus grande, car elle est minuscule). Toujours selon Parvin, les habilleurs de la reine notent chacune de ses tenues, bijoux compris, sur un tableau Excel, pour s'assurer qu'elle ne mette pas la même robe avec la même broche deux fois de suite; ou qu'elle accueille Barack Obama avec le même chapeau que la dernière fois... Chaque vêtement à un nom; Elizabeth aime beaucoup une robe jaune appelée Buttercup (bouton d'or)...
3. Elizabeth a une sacrée famille...
Sa petite soeur: Décédée en 2002, Princess Margaret adorait faire la fête, fumer, faisait partie de la jet-set londonienne, buvait des verres avec les rockers et a eu beaucoup d'amants. Elle a renoncé a son amour de jeunesse, un vieux capitaine divorcé (pas le gendre idéal donc), pour se marier avec un mec choisi par sa famille: résultat un mariage malheureux et un divorce. Heureusement elle pouvait aller se changer les idées dans sa villa sur l'ile Moustique...
Son mari: Philip est un arrière arrière petit-fils de la reine Victoria et fait partie de la famille royale grecque, d'origine allemande et danoise. Il est né en Grèce et a grandi en exil en Allemagne, Écosse et Angleterre, quasi orphelin: sa mère était schizophrène, son père vivait avec sa maîtresse à Monte-Carlo, des amis et des parents lointains payaient les frais d'école de Philip (Ses quatre soeurs ont marriées des princes allemands, certains avec des affinités nazies...) Il se décrit lui-même comme le 'mari réfugié.'
Il a fait partie de la British Navy et est fan de polo, mais est surtout connu par ici pour ses gaffes et ses remarques du genre "si vous restez ici plus longtemps, vous avez avoir les yeux bridés" (a-t-il dit à des étudiants anglais séjournant en Chine). C'est le seul qui traite la reine comme un être humain – il l'appelle même saucisse il paraît. Elizabeth est tombée amoureuse de cet outsider à l'âge de 13 ans (il en avait 18, était blond aux yeux bleus). Et toute ces décennies plus tard, elle s'illumine toujours quand il rentre dans une pièce... et se fout de sa gueule quand elle le voit dans son beau costume:
Son fils Charles: le grand dadais aux oreilles décollées a attendu 34 ans pour se marier avec sa bien-aimée Camilla. Entre temps il y a eu Diana bien sûr... Sinon on le connaît pour son penchant pour l'architecture très traditionnelle, et ses interventions pour empêcher des bâtiments contemporains de venir gâcher ses vues; pour sa passion pour l'agriculture bio, avec sa marque Dutchy Originals... Et quand il n'est pas trop fâché avec sa mère qui ne veut pas lui céder le pouvoir, il se relaxe en faisant de l'aquarelle.
Sa fille Anne: Passionnée d'équitation, deux fois mariée, elle a laissé ses deux enfants (Peter et Zara, championne d'équitation) avoir une enfance relativement normale et pas trop royale. Elle promène ses chiens dans Windsor Great Park sans toujours savoir les empêcher d'attaquer les passants, aime conduire très vite, mais son grand dada c'est les phares, qu'elle adore visiter.
Son fils Andrew: surnommé Randy Andy (Andy le chaud), Andrew adore le golf. Il s'est marié puis a divorcé Sarah Ferguson la rousse avec un tapage médiatique pas possible (leurs filles Béatrice et Eugénie se sont distinguées au mariage de leur cousin Will par leur tenues, et surtout leurs chapeaux très moches). Andrew comme son ex-femme ont été accusés de corruption (elle a tenté de vendre un entretien avec Andrew à un journaliste qui la filmait), et le prince a dû abandonner son poste de représentant pour le ministère du commerce et de l'industrie, car certains de ses potes, comme Saif Khaddafi, devenaient gênants.
Son fils Edward: Malgré ses mauvaises notes, Edward a étudié à Cambridge avant de travailler dans le monde du théâtre et de la télévision, sans grand succès. Le petit dernier de la famille est le moins médiatique, il vit tranquillement dans le Surrey avec sa femme et ses enfants.
Son petit-fils William: Pilote d'hélicoptère pour l'armée britannique, William s'est trouvé chaussure à son pied avec la Katerine, ils jouent les parfait Ken et Barbie devant les caméras du monde entier. Rien à signaler sur eux: ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont fades, ils sont parfaits pour leur rôle et se réjouissent sans doute de passer leur vie à serrer la mains d'inconnus et à inaugurer des nouveaux terrains de badminton, les chanceux...
Son petit-fils Harry: le petit rouquin a fait le tour du monde récemment, jouant au beach volley au Brésil, et dansant le reggae en Jamaïque. Du coup son image de petit gars sympa, et de brave soldat a fait oublier le gros fêtard, qui avait fait causer dans les chaumières en choississant un costume nazi pour une soirée déguisée.
Ses chiens: la reine a trois corgies: Monty, Willow and Holly (et 3 dorgi (dachsund/corgies), Cider, Candy and Vulcan). Elle adore ces chiens depuis que son père a ramené un petit Dookie en 1933 quand elle avait six ans. Les voici dans leur jardin en 1936:
Chaque après-midi elle se coiffe d'un foulard et va les promener dans le jardin de Buckingham Palace. Les chiens ont leur propre chambre à coucher, et dînent chaque soir de plats de steak, foie, lapin et poulet avec de la sauce et du chou, cuisinés par les chefs du palais. (Un valet s'est fait viré pour avoir versé du gin et du whisky dans leur pâtée de luxe). Les corgies sont devenus synonymes de la reine, et sont extrêmement populaires au UK.
4. Elizabeth en a vu défilé des premiers ministres
Vous l'aurez compris, on fête ce week-end les 60 ans de règne d'Elizabeth, qui en est a son 12ème premier ministre, son 12ème président américain et son 6ème pape (vous pouvez voir les moments forts de sa carrière ici). Elle a survécu a une tentative d’assassinat, s’est réveillée en trouvant un inconnu dans sa chambre à coucher, et a regardé des papas en colère grimper sur Buckingham Palace. Elle a aussi survécu aux frasque de ses enfants, et à 1992, son annus horribilis, pendant laquelle Windsor à pris feu, et son attitude envers sa belle-fille Diana, la princesse du peuple, a fait que les Anglais on perdu de leur adoration pour leur reine...
Mais qu’est-ce qu’elle a fait au juste pendant toutes ces années?
Symbole vivant de l'état, elle a ici le rôle d’un président comme en Irlande ou en Allemagne, une sorte de figure morale, garante des institutions du pays. Elle reçoit chaque semaine le premier ministre pour un court entretien (l'un d'entre eux décrit le rendez-vous comme une session chez un psy), et lit tous tous tous les secrets d'états de Downing Street, qui l'appelle 'Reader no1'. En fait, Elizabeth représente tellement l'état que sa carrière est un long acte de suppression de soi, elle reste neutre, ne vote pas, ne montre pas ses émotions et ne donne pas d'interview. Par sa présence même, et son apparition à toutes les cérémonies d'état, la reine rassure les Anglais par sa stabilité et sa longévité, disent ses supporters.
Une icône à l'étranger, Elizabeth est aussi à la tête de 16 pays du Commonwealth. C'est la tête couronnée qui a le plus voyagé au monde (avec ses 6 tonnes de bagages), ayant fait 261 voyages dans 116 pays au cours de sa longue carrière. Souvent ignorée au UK, elle est adorée par l'étranger, fasciné par la monarchie et l'histoire du pays. Elle fait partie de la marque globale du pays, et aide à vendre le UK à l'étranger. Son aide est particulièrement utile dans les pays monarchiques bien sûr...
Une grand-mère souriante, Elizabeth salue de la main son peuple à chaque occasion. Tout ce qu'elle fait c'est de saluer de la main, accepter des bouquets et de regarder les spectacles divers qui ont été préparés en son honneur, mais ça suffit (jusqu'à présent). 'Votre boulot', lui a un jour dit son secrétaire privé Martin Charteris, 'c'est de répandre un tapis de bonheur.' Selon le journaliste Andrew Marr, ‘she is our rather mysterious department of friendliness’ (Elle est notre mystérieux département de l’amitié).
5. Elizabeth est riche, très riche
Impossible de savoir pour sûr, car il n'y a pas de chiffre officiel, mais Elizabeth aurait plus de £300 millions dans son compte en banque. Sa fortune personnelle comprend entre autres un portfolio d'investissements évalué à £95 millions, des résidences comme Sandringham et Balmoral, évaluées à £125 millions, une collection d'art (£2 millions), 60 chevaux de course (£5 millions), la collection de timbres de son grand-père (£100 millions), 30 manteaux de fourrures conservés dans une chambre froide spéciale (£1 million) ainsi que 14 diadèmes, 14 montres, 98 broches et 10 Rolls-Royces. Rassurez-vous, elle paye des impôts sur la fortune.
Chaque année, le gouvernement lui donne de l'argent pour faire tourner la machine royale (salaire de ses employés, voyages, maintenances des résidences royales, cérémonies etc – ce que Prince Philip appelle The Firm). Cette année elle va recevoir £33 millions – une somme qui ne fait que de baisser: c'était £37 millions il y a trois ans, et avant cela £40 millions. Les dépenses royales auraient diminuées de 19% les 5 dernières années. Mais bon la reine est toujours bling bling. Par exemple prix d'une petite visite récente de quatre jours à Abu Dhabi et Oman: £356,253. Dernier trajet en train royal, de Windsor au Pays de Galles: £37,158 (cela aurait coûté £100 pour le même trajet en limousine). Et en plus, les invités des ses fameuses garden parties mangeraient le double de sandwichs et petits fours qu'il y a quelques années, faisant monter les factures de la cuisine...
Tout cela n'est que du pipi de chat par rapport à la Royal Art Collection, qui appartient à l'état et vaut £10 milliards, ou le Crown Estate, un empire immobilier comprenant champs, forêts et centres commerciaux qui vaut £7.3 milliards et dont les bénéfices (£231 millions en 2010-2011) reviennent à l'état. D'ailleurs, la loi a changé, et à partir de l'année prochaine, Elizabeth et sa cour ne recevront pas les £30 millions du gouvernement, mais 15% des bénéfices de la Crown Estate, ce qui équivaut pour le moment à la même somme, mais a bien des chances d'augmenter ces prochaines années.
Alors, si l'on considère son immense fortune personnelle, cela vaut-il la peine lui donner ces £30 millions et quelques? Les royalistes disent que cette somme équivaut à 60 pence par personne par an, le prix d'une boite de baked beans. En retour de ce modeste investissement, disent-ils, le pays reçoit des milliards de pounds en tourisme, et en reconnaissance mondiale, puisque la famille royale fait partie de l'image globale du Royaume-Uni. Et même si l'on considère les dépenses de sécurités etc, qui font monter la facture à £40m par année, ce total est en fait des cacahouètes: c'est moins que ce que le boss de Goldman Sachs a gagné en 2007. (Pas sûre que ce dernier argument soit très convainquant...)
Et qu'offre-t-on à une personne comme Elizabeth, qui a tout, et plus: eh bien elle a reçu des éléphants du Cameroun, des cowboy boots des USA, des tortues des Seychelles, des castors du Canada, et même du sperme d'étalon de la part d'une Française...
6. Elizabeth est partout
Elle est sur les billets, les pièces, et les timbres bien sûr, mais aussi en ce moment dans tous les magasins et restaurants (afternoon tea special Jubilee etc) – c'est l'overdose totale (comme pour le Royal Wedding l'année dernière). Et quand ce n'est pas elle, c'est sa couronne et ses corgies, ou juste le union jack... Il y en a sur les boîtes a biscuit de M&S, les tasses Emma Bridgewater, les pull Joy...
Elle est aussi affichée sur le tarmac de Heathrow (!), et en grand au bord de la Tamise, façon Kim Jong Il:
Évidemment on s'est déjà amusé à photoshopper tout ça..
7. Elizabeth est adorée de tous...
Ou presque. Selon ce sondage ci et ce sondage là, les Anglais sont plutôt pour la reine, même s'il y a régulièrement des manifs anti-monarchie. Ils comprennent le bénéfice économique de cette fête du Jubilee, et aiment bien la vieille... Par contre, si c'est le Prince Charles qui était roi, les choses seraient bien différentes. Tout le monde ici se réjouit de leur week-end de 4 jours, mais leur attitude envers la reine est bien plus mitigée que ce que laissent à penser les média. Quand on leur demande ce que veux dire la reine pour eux, certain répondent: "un jour férié de plus", "un symbole énorme de l'inégalité dans notre société", "un gaspillage de place et d'argent, ou bien "je l'adore... god save the queen!"
Et ce week-end...
Vous l'avez compris, ce week-end est très spécial en Angleterre – lundi et mardi sont congés, donc comme moi beaucoup de British partent en vacances ces prochains jours. Ceux qui restent pourront assister aux cérémonies officielles pour célébrer le Diamond Jubilee (les 60 ans de règne) d'Elizabeth. Toute les infos sur Time Out, mais en gros: Dimanche: the river pageant; the big lunch, street party; Lundi: concert at Buckingham Palace avec des groupes vraiment bof; Mardi: the royal procession