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Londres calling
19 mars 2011

Jamie Oliver

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Voici sept choses à savoir sur mon cuisinier britannique préféré, Jamie Oliver:

1. Jamie vends des livres comme des petits pains

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À seulement 35 ans, Jamie a déjà publié plus de 14 livres de cuisine (tous basés sur ses émissions télés). Son petit dernier, Jamie's 30 Minute Meals, a remporté un tel succès qu'il est devenu le livre de non-fiction qui s'est vendu le plus vite au monde – devant le Guinness Book of Records. Plus de 735,000 exemplaires ont été vendus au Royaume-Uni en seulement quelques semaines à la fin de l'année dernière. Peut-être parce que ses livres sont extrêmement bien produits et mis en page, avec d'excellentes images et illustrations qui donnent vraiment envie de cuisiner. D’ailleurs, tous sont des best-sellers internationaux – ils ont été traduits en plus de 30 langues. Si vous n'avez jamais essayé une de ses recettes, je vous recommande Jamie's Dinners, un classique.

2. Jamie est tombé dans la marmite

Comme son père avant lui, Jamie a grandi dans un pub-restaurant. Il a passé toute son enfance à aider ses parents, Trevor and Sally, dans les cuisines de leur établissement The Cricketers à Clavering en Essex, pour se faire de l'argent de poche (lire une interview de sa mère). Apparemment, à l'époque il adorait traîner avec les cuistots et expérimenter avec les ingrédients, et raffolait de saumon fumé. Le pub (avec les parents de Jamie derrière les fourneaux) est toujours ouvert – et très mignon:

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'As soon as I was old enough to peer over the worktops, I remember being fascinated by what went on in the kitchen. It just seemed such a cool place, everyone working together to make this lovely stuff and having a laugh doing it.' (Dès que j'ai été assez grand pour voir ce qu'il se passait sur les surfaces de préparation de la cuisine, je me souviens d'avoir été fasciné par cet univers. Ça avait vraiment l'air d'être un endroit sympa, où tout le monde travaillait ensemble pour préparer ces jolis plats en rigolant)

3. Jamie ne porte ni toques ni étoiles

Son surnom à l’origine, c’est the Naked Chef – le chef nu – parce que ses recettes sont toutes simples, et qu’il ne porte pas de toque. Un symbole qui reflète en fait complètement la philosophie de Jamie: il est du côté des cuisiniers de tous les jours, ceux qui n’ont même pas le temps d’enfiler un tablier, plutôt que des grands chefs coiffés de blanc qui se la pètent dans leurs restos où seuls les plus riches peuvent goûter à leurs plats étoilés.

D’ailleurs les chefs à toques lui font bien comprendre que malgré son énorme succès, il ne fait pas partie de leur club. Gordon Ramsay l’a déjà critiqué plusieurs fois (Jamie a rétorqué en disant que les livres de cuisine de la femme de Gordon, Tana, étaient bien meilleurs que ceux de son mari), et tout récemment, Marco Pierre White en a remis une tartine en disant que Jamie ne pouvait pas être pris au sérieux ni considéré comme un grand chef puisqu’il n’a jamais gagné d’étoiles Michelin.

4. Jamie se bat contre la malbouffe

Mais Jamie s’en fout des toqués. Il répond que la bonne bouffe bien faite, c’est pour tout le monde; que ce n’est pas si compliqué ni si cher que ça (tant qu’on a de bons ingrédients frais), et qu’il est plus important de se concentrer sur la cuisine de tous les jours, plutôt que celle des grandes occasions.

D’ailleurs le sujet le passionne tant, qu’il est parti en croisade contre la malbouffe. Son organisation caritative, la Jamie Oliver Foundation, a pour mission de faire connaître l’importance de la bonne nourriture et de la cuisine et de leur impact sur la vie de tous, en particulier les enfants et les personnes vulnérables, à travers des projets d’enseignement et d’apprentissage, et en fournissant des information claires et utiles à tous.

Jamie a commencé par créer un restaurant, Fifteen, en 2002, où les employés sont tous des jeunes en difficulté, rejetés par les fillières d’apprentissage plus traditionnelles. Le but: leur donner un coup de pouce et les compétence nécessaires pour faire carrière dans la restauration. C’est un vrai succès: il y a à présent trois restaurants, à Londres, en Cornouailles et à Amsterdam (j’ai testé Fifteen London, et c’était dé-li-cieux! Une bonne manière de faire une BA tout en se régalant). Chaque apprenti coûte plus de £20,000 à former, mais le restaurant (qui sert des plats italiens) fait assez de bénéfices pour reverser plus de £250,000 par an à l’association caritative.

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Fifteen London est situé dans un magnifique ancien entrepôt près de Old Street

Et avec cet argent, Jamie s’est attaqué aux écoles et aux cantines scolaires, en montrant quelle daube était servie aux enfants. Sa campagne Feed Me Better a forcé le gouvernement britannique à interdire le junk food dans les écoles, à promettre de verser £280 millions pour transformer les cantines, et remettre des cours de cuisine dans le cursus scolaire. Ensuite, Jamie s’est attaqué à la base du problème: les gens ne savent plus cuisiner. Ses projets de Ministry of Food et Food Revolution (au États-Unis) se concentrent sur des cours de cuisine pour enfants et adultes et veulent convaincre les fans de fast food que c’est sympa, cool, économique et bon pour la santé de savoir cuisiner. Cela a énormément de succès et d'ailleurs un centre Ministry of Food mobile est sur le point d'ouvrir à Londres (à Stratford, le quartier pauvre qui accueille le site Olympique).

 Voici le début du premier épisode Jamie's School Dinners, l'émission qui a transformé les cantines du Royaume-Uni:

Je me souviens en particulier de deux scènes effarantes dans cette série: des enfants ne reconnaissaient pas une branche de céleri ni un poireau; et une maman chargée par Jamie d'essayer une nouvelle recette, parcourait le supermarché dans tous les sens à la recherche de basilic – elle ne savait même pas que c'était une herbe. La campagne de Jamie commence déjà à porter ses fruits: à Greenwhich, les élèves ont de meilleurs résultats scolaires grâce à leur nouveau régime.

La dernière campagne de Jamie? Il aide son pote Hugh Fearnley-Whittinghsall dans son Fish Fight, une campagne pour changer la façon dont on consomme et l'on pêche les poissons (et en particulier forcer l'Union Européenne à changer le système des quotas, qui en ce moment fait que la moitié des poissons pêchés dans la mer du nord sont rejetés morts par dessus bord. Vous pouvez signez la pétition sur le site)

5. Jamie est un businessman

Certains disent que tout ça, c’est pour faire de la publicité. Mais bon Jamie roule sur l’or (£65 millions pour être exact), grâce à ses livres, ses émissions télés, ses Jamie's Italian restaurants, ses ustensiles de cuisine et son Party Plan, une sorte de club Tupperware (pour ses collections d’assiettes et accessoires de table), et ses contrats publicitaires avec les supermarchés Sainsbury’s… Bref, il a vraiment pas besoin de passer ses journées à se faire insulter par des parents d’élèves bornés et des dinner ladies (dames cantines) en colère.

Donc Jamie est plein aux as, et ses coffres se remplissent à vitesse grand V (sa fortune est passée de £40 millions en 2009 à £65 en 2010!) Mais en fait, cela fait depuis qu’il est tout petit que ses affaires roulent sur l’or: à 11 ans, il louait les casiers de ses copains à l’école pour pouvoir stocker des bonbons, qu’il revendait à ses camarades de classes au prix fort. Grâce à cette vente de sucreries, il se faisait £30 la semaine… pas mal pour un petit écolier.

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Maintenant Jamie vend de tout, des sauces, du fromage, des assiettes et des casseroles...

6. Jamie aime les mots en -y

Depuis ses débuts, Jamie se fait critiquer pour son accent que l’on a appelle mockney (faux cockney). C’est un peu un truc de snob car en fait je dirait qu’il a le même accent de beaucoup d’Anglais d’origine working class. En tout cas, il a l’image d’un cheeky chappie (un type culotté) qui dit des choses comme easy peasy (super facile) et lovely jubbly (super chouette).

Il aime tellement les mots en –y qu’il a appelé trois de ses quatre enfants Poppy (Coquelicot), Daisy (Marguerite) et Buddy (Copain). La troisième fille s’appele Petal et la maman Jools (surnom de Juliette) au cas ou ça vous intéresse. Voici la petite famille:

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Dans le vocab de Jamie il y aussi le mot proper (authentique, correct) et pukka (un mot d'argot londonien venant du Hindi pour parfait, de première classe). On décrit sa technique culinaire ainsi: il fait du bish bash bosh (du tac tac et tac?) c'est à dire que ces recettes sont très simples, et faites en deux temps trois mouvements.

7. Jamie partage ses recettes

Le mieux peut-être pour comprendre l'effet bish bash bosh, c'est de voir Jamie en action. Par exemple, regardez-le expliquer comment faire une tarte tatin aux bananes (vous trouverez la recette par écrit ici) pour son programme Ministry of Food. Bon c'est clair pour les grandes pâtissières c'est vraiment pas très intéressant, mais pour Mr Smith qui n'a jamais vu un rouleau à pâtisserie... et pour les gourmandes comme moi... Le truc de Jamie, c'est de savoir communiquer sa passion, d'être clair, d'expliquer comment se rattraper si on s'est trompé quelque part, et de constamment nous faire partager des recettes pleines de couleurs avec des idées toutes simples (genre mais pourquoi n'y avait-je pas pensé avant!).

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Photos: David Loftus

Et le mieux, c'est qu'énormément de ses recettes sont disponibles gratuitement sur son site. Jamie a fait son apprentissage au River Café de Londres, un des restaurants italiens les plus réputés de la capitale. Ses recettes sont donc très souvent d'inspiration italienne (gratin de cannelloni, risotto aux champignons) mais y trouverez de tout: salade du Kerala croquante, frittata, cheesecake à la vanille... Bon appétit!

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Commentaires
L
Bonjour Nobulle, merci d'avoir pris la peine de me répondre. Je suis d'accord avec beaucoup de tes arguments, surtout sur le côté commercial de Jamie & co, ce que j'ai d'ailleurs mentionné dans le billet, et je n'ai pas non plus vraiment aime ces aventures américaines. Il n'empêche que je pense que tout bien pesé, son influence est positive... d'où mon billet positif.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre là où je ne te suis pas c'est sur le côté expat francais etc. Je n'ai rien contre la cuisine française, et je ne vois pas où dans l'article je la critique (il y a des restos michelin ici aussi?), et surtout je ne suis pas une expatriée. je suis une londonienne francophone... et fière de l'être!
N
Moi ce qui me choque le plus dans votre article et dans votre réponse, c'est votre manière de dénigrer systématiquement la cuisine Française, comme si c'était une tare inhérente à notre culture. Vous réduisez notre gastronomie a un petit groupe d'élites obscures qui ne cuisinent que pour les plus riches, vous occultez toute notre tradition populaire du bien manger... <br /> <br /> Je sais que c'est un trait caractéristique (et très à la mode) de l'expatrié Londonien que de cracher sur la France et de soutenir que tout est mieux dans la capitale Britannique (vous ne nous avez même pas épargné le cliché du Français arrogant) mais moi je suis expatrié depuis plusieurs années, comme vous certainement, mais à cette différence que moi j'aime la France et que je suis fier d'être Français. <br /> <br /> Jamie Oliver pour moi c'est un businessman, pas un cuisinier, au mieux c'est un "diététicien populaire". Il peut grandement remercier la gastronomie Italienne sur laquelle il pompe 90% de ses idées (on repassera sur l'originalité).<br /> <br /> Vous avez vu "Jamie's american food revolution"? Citez-moi un chef, Français ou autres, qui ait eu l'impudence, non, l'outrecuidance, de débarquer sur le sol Américain comme dans une vulgaire colonie britannique, et de s'auto-proclamer dieu suprême de la nourriture, dictant ce qu'il faut manger et ce qu'il faut jeter sous des prétextes faussement humanistes (cet énorme coup de pub l'a conforté dans le top 100 des fortunes britanniques). Le show se terminait par une litanie de "Thank you Jamie" de 10 bonnes minutes. <br /> <br /> Oui, le point central du show, comme le suggérait le titre et l'instar de son oeuvre précédente (couverture de ses livres, etc) c'est Jamie, pas la cuisine, pas les écoliers Américains. <br /> <br /> Cet homme n'a jamais reçu aucune distinction officielle en cuisine, qui vient normalement récompenser le talent et le travail (une idée a laquelle vous êtes également étrangement hostile): ce sont ses talents en affaires, sa démagogie, le fait que l'environnement qui l'a vu naître était propice à ce genre d'exercices (état de la gastronomie Anglaise il y a quelques années: Jamie n'aurait jamais percé en France), le culte de sa personnalité enfin, propagée par un matraquage médiatique encore inédit à la télévision pour ce genre de sujet qui l'ont porté aux nues. Cet "apôtre" du bien-manger qui prône le "start from scratch" n'hésite pourtant pas à vendre des produits estampillés "Jamie" au Waitrose du coin! Ils le font tous me direz vous, soit, mais alors arrêtez de lui prêter les intentions d'un saint! Cet homme est motivé par l'argent, pas par ce qu'il y a dans votre assiette.
L
Salut Nobulle, <br /> <br /> <br /> <br /> Le style et la personnalité de Jamie Oliver ne plaisent pas à tout le monde, c'est sûr, mais il a fait plus que n'importe quel chef du UK pour redonner le goût aux Anglais de se mettre aux fourneaux.<br /> <br /> <br /> <br /> Il a décomplexé les mecs en leur faisant comprendre que la bonne cuisine, ce n'est pas que des trucs michelin qui prennent trois plombe à préparer, et mis de la couleur et du peps dans les petits plats de tous les jours.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai travaillé pour un magazine de cuisine et essayé des milliers de recettes; celles de Jamie sont celles que j'utilise le plus dans la vie quotidienne. As tu essayé une de ses recettes? Ou vu son émission The Naked Chef?<br /> <br /> <br /> <br /> PS en termes de suffisance et d'auto-masturbation, comme tu dis, c'est plutôt les Français qui sont des champions...<br /> <br /> <br /> <br /> Londres Calling
N
Je ne partage pas du tout l'engouement de l'auteur pour Jamie Oliver. Je trouve que c'est une personnalité extrêmement surestimée de la cuisine, en plus d'être l'arrogance personnifiée. On a toujours l'impression qu'il se prend pour un génie après avoir coupé des tomates en rondelles, sans compter les shows TV qui sont des monuments de suffisance britannique et d'auto-masturbation (jamie's american food revolution en tête).
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